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en émail, les lettres initiales de la devise de l’ordre. Voici cette devise :


Candeur et loyauté, courage et bienfaisance,
CandVertu, bonté, persévérance.


Cet ordre fit beaucoup de bruit[1] ; nous eûmes une infinité de demandes, et nous fîmes

  1. Je me promenois un matin au Palais-Royal, j’y trouvai M. de Rulhière ; je l’avois prié de se charger d’une lettre pour l’Amérique : Il me dit qu’il l’avoit donnée au comte de Palouski qui partoit ; il avoit des droits, ajouta M. de Rulhière, pour être choisi de préférence par vous. — Pourquoi ? — N’êtes-vous pas dame de la Persévérance ? — Oui, eh bien ? — Mais c’est que le comte de Palouski est fils du fondateur de votre ordre. À ces mots, je souris et je dis : « Cela ne se peut pas, car notre ordre est du temps des croisades. — Eh ! mon Dieu à qui dites-vous cela ? je le sais bien qu’il est de ce temps ; quoique je ne sois pas chevalier de la Persévérance, je suis un peu instruit sur ce point ; j’ai été long-temps en Pologne ; j’ai écrit l’histoire des dernières révolutions ; j’ai donc fait beaucoup de recherches et je savois tout ce qu’on peut savoir sur l’ordre de la Persévérance bien des années avant qu’on en connût ici l’existence. — En effet, c’est savoir l’impossible. Je serois charmée que vous voulussiez bien entrer dans quelques détails à cet égard. — De tout mon cœur. »

    Alors, je pris une chaise pour écouter avec plus d’attention une chose si curieuse ; et M. de Rulhière s’as-