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tes ses visites de noces, je la présentai à la cour et chez les princes, enfin je lui tins lieu de mère, et ce fut de grand cœur, car je pris pour elle la plus vive tendresse ; elle avoit de l’esprit naturel, de la gaieté, une douceur remplie de charmes. Elle n’étoit jamais un seul instant oisive ; je lui donnai des leçons d’orthographe, elle y fit des progrès étonnans en peu de temps ; elle s’appliquoit aussi beaucoup à perfectionner son écriture qu’elle rendit très-jolie ; le but de cette étude étoit de se mettre en état de copier les mémoires sur différens sujets, que mon frère faisoit sans cesse ; elle en vint promptement à bout, elle devint son meilleur copiste, et même elle copioit sans faute des mémoires sur les sciences, où se trouvoit un nombre infini de figures géométriques. Elle ne resta chez moi que dix mois, elle eut tant de succès dans le monde, elle intéressa si vivement tous ceux qui la connoissoient, que madame de Montesson, voyant combien l’on trouvoit extraordinaire qu’avec sa fortune ce ne fût pas elle qui se fut chargée de la loger, se décida enfin à la prendre chez elle avec mon frère.