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l’âge de douze ans, elle en avoit dix-huit, elle étoit au couvent de Panthemont avec une gouvernante, qui n’avoit point d’instruction, mais qui cependant lui donna tout l’essentiel d’une éducation parfaite, la piété, la charité, et toutes les qualités les plus attachantes du caractère. Je ne citerai qu’un trait des leçons de morale qu’elle lui donnoit, il fera juger de la perfection de son éducation. Feu madame de Raffettau prenoit soin d’une pauvre femme paralytique ; à sa mort, sa fille s’en chargea, sa gouvernante la faisoit venir une fois par semaine en chaise à porteur au couvent. On la recevoit au parloir extérieur, où la gouvernante et son élève se trouvoient ce jour-là ; comme la pauvre femme ne pouvoit pas se servir de ses mains, mademoiselle de Raffettau la peignoit, lui lavoit les pieds et lui coupoit les ongles ; lorsque la gouvernante n’étoit pas contente de son élève, elle la privoit du bonheur d’exercer ces pieux devoirs de charité, et les remplissoit elle-même ; cette pénitence fut la seule que mademoiselle de Raffettau reçut, et qui lui causoit la plus vive affliction. Ce fait, que j’ai rapporté depuis dans les Veillées du Château, suffit seul