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Nous nous aimions tendrement, et depuis notre première enfance, sans qu’il y ait eu jamais entre nous l’apparence du refroidissement, ou un seul mot de discussion. Je songeois sans cesse à lui faire faire un bon mariage ; j’avois déjà, après bien des peines, échoué trois fois dans cette entreprise ; enfin on me donna l’idée de lui faire épouser mademoiselle de Raffettau, jeune personne d’une grande naissance, et j’en vins à bout, par le crédit qu’on me supposoit au Palais-Royal, et la puissante protection qu’on devoit naturellement attendre de madame de Montesson. Cependant, malgré toutes mes instances, elle ne fit pas la moindre chose pour ce mariage, qui ne se seroit pas fait, si je n’avois pas pris l’engagement de loger et de nourrir les nouveaux mariés. Il falloit, pour cela, l’approbation de M. de Genlis, et même un grand sacrifice de sa part, car je ne pouvois les loger que dans son appartement qui tenoit au mien. M. de Genlis, avec une bonté parfaite, leur céda ce logement tout meublé, tout arrangé, et en loua un pour lui sur le jardin du Palais-Royal, mais hors du Palais. Mademoiselle de Raffettau avoit perdu sa mère à