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Au lieu d’ôter son bas de robe[1] dans l’antichambre, elle ne s’en débarrassa que dans le salon ; madame de Guéménée lui conseilla en riant de se défaire aussi de son immense panier. Très-volontiers, répondit madame de Fleury. À ces mots, très-inattendus, plusieurs femmes s’élancent vers elle pour l’exhorter à faire cette folie ; on lui ôte son panier, sa jupe, de superbe étoffe, on la déshabille en un clin d’œil, et elle se trouve avec son grand corps et sa palatine, et en petit jupon court de basin, sur lequel ballottoient ses deux poches. Tout cela se passa en présence de cinquante personnes. J’étais dans ce nombre. Madame de Fleury resta dans cet étrange costume toute la soirée entière, depuis neuf heures et demie jusqu’à deux heures après minuit, sans montrer le moindre embarras, et comme si elle n’eût fait que la chose du monde la plus simple.

Madame de Rochambeau, belle-fille de celui qui a été depuis maréchal de France, étoit, ainsi que madame de Dampierre, très-remarquable par une naïveté de caractère,

  1. C’est-à-dire une queue de plusieurs aunes.
    (Note de l’auteur.)