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le charme par les singularités les plus bizarres. J’ai fait, sans la nommer, son portrait dans les Souvenirs de Félicie[1] ; mais je n’y ai point conté le trait suivant, qui achèvera de donner l’idée de sa manière d’être dans la société. Elle étoit un soir à souper à Versailles chez madame la princesse de Guéménée, où, comme à l’ordinaire, il y avoit beaucoup de monde ; madame de Fleury venoit de faire sa cour, elle étoit en grand habit.

  1. Madame de F… est légère, étourdie, et elle a des accès de gaieté qui ressemblent un peu à la folie ; mais quoiqu’on ait la perfidie de s’amuser de ses travers et de les exciter autant qu’on peut, ils ne réussissent point ; elle est jeune et jolie, et elle trouve dans les femmes de sévères censeurs ; il est vrai aussi que la jeunesse et la beauté donnent à ces tournures extraordinaires quelque chose d’indécent. Si madame de F…, qui ne manque point d’esprit, étoit bien laide, elle ne paroîtroit qu’originale. C’est un Anglois qui a fait d’elle la meilleure critique. M. Horace Walpole soupoit avec elle pour la première fois, en nombreuse compagnie, et voyant tout le monde occupé d’elle et rire de ses folies, dit à l’oreille de son voisin : Elle est fort drôle ici, mais que fait-on de cela à la maison ?
    (Souvenirs de Félicie.)