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j’aie connues, par la figure, l’élégance, l’esprit et les talens ; elle dansoit d’une manière remarquable ; elle peignoit comme un ange ; elle faisoit de jolis vers ; elle étoit d’une douceur et d’une bonté parfaites. Madame de Potocka fut souvent invitée, à cause de moi, aux petits soupers du Palais-Royal ; car les princes avaient cette bonté pour leurs dames d’admettre dans leur intérieur leurs plus proches parens et leurs amis intimes. Les personnes non attachées au Palais-Royal, qui venaient le plus souvent à ces petits soupers, étoient mesdames de Beauvau, de Bouflers, de Luxembourg, de Ségur, mère et belle-fille ; la baronne de Talleyrand, la marquise de Fleury, amies intimes de madame la duchesse de Chartres. Le baron de Talleyrand étoit d’une très-belle figure ; il ne manquoit pas d’esprit, mais il étoit lourd dans sa conversation, et peu aimable. Sa femme avoit de la gentillesse dans la taille, et quelque chose de vieillot dans le visage ; ses manières et son ton manquoient de noblesse il y avoit à la fois dans sa conversation du commérage et de l’insipidité ; mais elle a eu une conduite irréprochable : elle a été également bonne épouse