Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T2.djvu/369

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des quantités d’invitations de souper, que je refusai toutes, ainsi que les nouvelles connoissances ; mais j’en fis faire plusieurs agréables à madame Potocka, qui eut de grands succès dans le monde, par sa beauté, sa grâce et son esprit. Elle venoit à presque tous les grands soupers du Palais-Royal ; elle vit là successivement toutes les personnes de la cour ; elle les jugeoit comme une Françoise spirituelle. Parmi les jeunes personnes, celles qui lui parurent les plus remarquables furent madame la princesse d’Hénin, la vicomtesse de Laval, d’une figure à la fois douce et piquante, et sa conversation ressembloit à son joli visage ; madame la princesse de Poix, dont j’ai déjà parlé ; la duchesse de Polignac, favorite de la reine, dont le visage étoit ravissant, depuis la mode de rabattre les cheveux de manière à cacher le front, la seule chose défectueuse de sa figure. Sa faveur ne lui avoit rien ôté de sa douceur et de sa simplicité naturelles. On dit qu’elle avoit peu d’esprit ; mais il faut en avoir un très-bon pour conserver un tel maintien dans une telle situation et pour avoir su se maintenir dans la plus haute faveur, sans enivrement et sans