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J’avois passé un hiver très-brillant ; mes succès m’avoient mise fort à la mode, je reçus

    les acteurs et les pièces de ce petit théâtre les stances que voici : elles étoient adressées à madame de Genlis.


    Lise, à vos spectacles charmans
    Qui peut refuser son suffrage ?
    Drame, acteurs, tout est votre ouvrage,
    Et l’on n’y voit que vos enfans.

    De vous-même heureuse rivale,
    Et féconde dans le printemps,
    Vous voulez que l’enfance égale
    Et vos appas et vos talens.

    Partout, en voyant ces prodiges,
    Dont nos Garricks seroient jaloux,
    On sent que leurs plus doux prestiges
    Sont encore émanés de vous.

    Ainsi dans vos jeux le plus sage
    Sans le savoir peut s’engager,
    Et, n’adorant que votre image,
    Il croit vous aimer sans danger.

    Eh ! qui peut voir dans la prairie
    L’onde errer sur de verts gazons,
    Sans chercher la nymphe chérie
    Qui les enrichit de ses dons.

    Ah ! suivons plutôt dans leur course,
    Suivons ces aimables ruisseaux ;
    Qui voit en paix couler leurs eaux
    Pourroit s’enivrer à leur source.

    Ces spectacles furent donnés dans l’hiver de 1777 et 1778.

    (Note de l’éditeur.)