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les uns et dans les autres. Elle n’avoit pas la beauté, l’éclat, la régularité de sa sœur, mais son visage étoit charmant, rempli d’expression, et le son de sa voix alloit au cœur. La fille de madame de Jumilhac joua le rôle d’Ismaël, et ma fille aînée celui de l’Ange ; elle en avoit tellement la figure, que lorsqu’elle parut il y eut une exclamation générale dans la salle, et elle fut applaudie pendant plus de cinq ou six minutes. Ce succès m’encouragea, et sur-le-champ je me mis à faire, nuit et jour, deux autres pièces plus longues, les Dangers du monde, et la Curieuse. J’eus tant de demandes pour ce spectacle, qu’il fallut chercher une salle beaucoup plus grande. Enfin, on m’en trouva une plus vaste que je ne désirois, elle contenoit cinq cents personnes ; elle appartenoit à une société bourgeoise, qui me la prêta avec la grâce la plus obligeante ; je lui donnai une centaine de billets, et le reste de la salle fut rempli de toutes les personnes que je connoissois, et de beaucoup d’autres avec lesquelles je n’avois aucune liaison. Pulchérie, dans la Curieuse, parut encore au-dessus de tout ce qu’on avoit déjà dit d’elle dans la société ; et ma fille aînée, dans les Dangers du