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teau, et ceux de ses dames dont on me permit de disposer durant tout le voyage de Fontainebleau : nous vîmes, dans le plus grand détail, tout l’intérieur du château, et même les petits appartemens particuliers des princes de la famille royale. Nous menâmes là une vie délicieuse, M. de Genlis y fit une quantité de charmans dessins à la plume, et plusieurs jolies chansons. M. de Sauvigny nous lut des scènes d’une tragédie à laquelle il travailloit ; j’y commençai à donner des leçons suivies à ma fille aînée Caroline, qui avoit dix ans, et dont l’intelligence étoit étonnante pour son âge ; elle avoit une beauté si extraordinaire, elle étoit si aimable, que, sans aucune façon de parler, le comte de Brostocki, qui avoit vingt-quatre ans, en devint véritablement amoureux, et six mois après il me la demanda sérieusement en mariage. On verra, par la suite, combien il a tenu à ce projet. Je ne retournai à Paris qu’au retour de Fontainebleau, dans les premiers jours de novembre ; madame de Potocka me donna beaucoup de distractions pendant tout l’hiver, car elle voulut voir tout ce que Paris renferme de curieux en monumens, établissemens pu-