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crire quelques impiétés, quelques lignes licencieuses de plus…

Cherchant, de bonne foi, quelque moyen de plaire à l’homme célèbre qui vouloit bien me recevoir, j’avois mis beaucoup de soin à me parer ; je n’ai jamais eu tant de plumes et tant de fleurs. J’avois un fâcheux pressentiment que mes prétentions, en ce genre, seroient les seules qui dussent avoir quelque succès. Durant la route, je tâchai de me ranimer en faveur du fameux vieillard que j’allois voir ; je répétois des vers de la Henriade et de ses tragédies ; mais je sentois que, même en supposant qu’il n’eût jamais profané son talent par tant d’indignes productions, et qu’il n’eût fait que les belles choses qui doivent l’immortaliser, je n’aurois eu, en sa présence, qu’une admiration silencieuse. Il seroit permis, il seroit simple de montrer de l’enthousiasme pour un héros, pour le libérateur de la patrie, parce que, sans instruction et sans esprit, on peut comprendre de telles actions, et que la reconnoissance semble autoriser l’expression du sentiment qu’elles inspirent mais, lorsqu’on se déclare le partisan passionné d’un homme de lettres, on annonce