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sur-le-champ dans la maison de son beau-père, après avoir envoyé chercher mes compagnons de voyage, et m’installe dans un appartement charmant, et dont la vue, sur le lac de Genève, étoit ravissante. Je passai douze jours à Lausanne, sans quitter un instant madame de Crouzas. On me donna des fêtes, des bals, des concerts ; je chantai, je jouai de la harpe tant qu’on voulut. On me mena faire des promenades délicieuses sur le lac ; je ne manquai pas d’aller voir les rochers de Meillerie. La société de madame de Crouzas étoit fort aimable ; j’y voyois tous les jours M. Tissot, qui me parut flatté que je susse par cœur tous ses ouvrages ; il aimoit la musique, et je

    genoux, en lui déclarant son amour dans les termes les plus passionnés. Madame de Crouzas lui répondit de manière à lui ôter l’envie de recommencer cette jolie scène. Gibbon prit un air consterné, et cependant il restoit à genoux, malgré l’invitation réitérée de se remettre sur sa chaise ; il étoit immobile et gardoit le silence. « Mais, monsieur, reprit madame de Crouzas, relevez-vous donc ! — Hélas ! madame, reprit ce malheureux amant, je ne peux pas… » En effet la grosseur de sa taille ne lui permettoit pas de se relever sans aide. Madame de Crouzas sonna, et dit au domestique qui survint : Relevez M. Gibbon.

    (Souvenirs de Félicie.)