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traductions de romans allemands. Le prince me nomme, conte mon embarras, et demande pour moi, à madame de Crouzas#1, un appartement dans la maison de son beau-père, qui étoit absent. Madame de Crouzas m’accueille avec une grâce infinie, se lève, me conduit[1]

  1. Madame de Montolieu a publié beaucoup d’ouvrages très-agréables, traduits ou imités de l’allemand et de l’anglois. J’ai été l’éditeur du premier de tous (Caroline Lichtfield) que l’auteur m’envoya manuscrit, en me demandant de n’y pas faire le plus léger changement, recommandation qui venoit non de son amour-propre, mais de sa délicatesse ; elle auroit reçu avec plaisir des conseils donnés de vive voix ; elle ne vouloit point, avec raison, de corrections écrites. Cette charmante production avoit beaucoup de succès, et le méritoit. Le public a trouvé dans ses autres ouvrages le même intérêt et le même talent.
    (Note de l’auteur.)

    Malgré son embonpoint extrême et sa prodigieuse grosseur, le célèbre historien anglois Gibbon étoit très-galant. Pendant un séjour qu’il fit à Lausanne, il devint amoureux de madame de Montolieu, qui s’appeloit alors madame de Crouzas. On trouve dans les Souvenirs de Félicie le récit de la déclaration d’amour de Gibbon à cette dame ; je vais copier ce récit :


    Un jour, se trouvant tête à tête, pour la première fois, avec madame de Crouzas, Gibbon voulut saisir ce moment si favorable ; et, tout à coup, il se jeta à ses