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fut en effet très-respectueux avec M. Gillier, et il ne s’en moquoit que traîtreusement, quand nous étions tête à tête.

Le lendemain nous continuâmes notre route, et nous arrivâmes à Luxembourg, où je logeai dans la maison du prince de Hesse, qu’il m’avoit obligeamment prêtée. Comme nous voyagions suivant ma fantaisie, de là nous allâmes à Strasbourg, où je trouvai le chevalier de Coigny et M. du Coudray, homme très-aimable, et militaire rempli de mérite, qui alla depuis en Amérique, aux États-Unis, un peu avant M. de La Fayette ; ce dernier eut le bon esprit de se lier avec lui, de se conduire uniquement par ses conseils. M. du Coudray dirigea et seconda toutes ses opérations militaires, dont il lui dut tout le succès. M. du Coudray, après ces succès, se noya dans la rivière Dellaware, qu’il voulut passer à cheval ; il fut vivement regretté des Américains, auxquels ses talens ont été si utiles. Il n’a manqué à sa gloire qu’un nom plus connu et une famille puissante, qui auroit su conter en France et faire valoir ses actions ; c’est un soin qu’il n’auroit jamais pris lui-même, car il étoit d’une extrême modestie. Lui et le