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tout de son long ; ce qui inspira au pauvre Saint-Jean une si grande frayeur et un tel respect pour M. Gillier, qu’il n’osa même se plaindre de cette aventure, que je n’ai sue que plus de quinze jours après.

Je fis avec madame la marquise de Champignelle le voyage de Dusseldorf, pour voir la superbe galerie de tableaux ; nous nous arrêtâmes trois jours à Aix-la-Chapelle, où je vis pour la première fois madame la comtesse de Potocka, qui se prit d’une telle passion pour moi, qu’elle quitta sur-le-champ Aix-la-Chapelle, pour venir sans délai avec moi à Spa, où je retournois, et où nous passâmes deux mois ensemble ; elle me promit de venir à Paris l’hiver prochain, elle me tint parole. J’écrivis à Paris pour demander une prolongation de congé, et à M. de Genlis la permission de faire le voyage de Suisse. J’obtins tout ce que je désirois, et nous partîmes.

Pour nous rendre directement à Luxembourg, nous fûmes obligés, contre notre intention, de coucher dans un horrible cabaret, au milieu des bois, et nommé la Baraque ; on nous avoit fort prévenus contre ce mauvais gîte, en nous assurant qu’on le regardoit pres-