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cuisine, nous ne pouvions nous lasser de la contempler. À l’heure du dîner elle nous servit des crèmes excellentes, et le meilleur gâteau d’amandes qu’on ait jamais mangé. En sortant de table nous allâmes à la cathédrale ; je marchois en avant, en regardant en l’air, pour voir les tableaux ; tout à coup je tombai dans une fosse sépulcrale que je n’avois point aperçue, et qu’on venoit d’ouvrir pour un enterrement ; j’aurois pu me casser une jambe, et même me tuer, j’en fus quitte pour une large écorchure au genou droit. Les dames de la Belgique, du moins alors, étoient fort superstitieuses, elles regardèrent cet accident comme un funeste présage qui m’annonçoit une mort prochaine. Cette idée attrista toute la société ; mais, comme on vit que je ne la partageois nullement, ma force d’esprit rassura bientôt tout le monde. D’Éverberg j’allai à Spa ; j’y avois fait louer d’avance une petite maison que nous occupâmes toute entière. J’éprouvai, en y entrant, la sensation la plus pénible et la plus inattendue. Chacun alla à sa chambre, on me laissa seule dans la mienne ; je me trouvai environnée de paquets dans une vilaine chambre mal meublée : je pensai que