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Paris je me rendis d’abord à Bruxelles, où je passai un mois à Éverberg, maison de campagne de madame la comtesse de Mérode, remariée au comte de Lannoy. Je retrouvai à ce voyage la duchesse d’Ursel et le prince de Ligne ; le prince Charles y vint dîner deux fois. Comme il s’occupoit beaucoup d’histoire naturelle, il fut plus frappé que nous d’un incident qui néanmoins nous étonna. Le jardinier vint apporter dans la salle à manger, pendant que nous étions à table, un gros scorpion vivant, qu’il venoit de trouver dans le jardin. Chacun l’examina avec la plus grande curiosité. Il fut impossible de concevoir comment ce dangereux insecte des pays chauds avoit pu pénétrer tout seul dans un parc de la Belgique. Nous allâmes encore à Malines ; ce fut là que, dans une auberge, la duchesse d’Ursel se chargea de nous faire tous les entremets de notre dîner : elle se rendit tout de suite à la cuisine, elle y mit un grand tablier, elle retroussa ses manches, et découvrit ainsi les plus beaux bras du monde, ce qui, joint à l’éblouissante fraîcheur de sa figure, offrit à nos regards la plus appétissante cuisinière que l’on verra jamais. Elle nous renvoya de la