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mon départ, j’allai seule en voiture me promener au bois de Boulogne ; le temps étoit beau, l’air pur et serein ; le bois étoit rempli d’aubépines en fleurs. Cette enseigne charmante du printemps, le parfum et la vue de ces ravissans arbustes qui se hâtent de paroitre pour nous annoncer le retour des beaux jours, la verdure naissante, la douce fraîcheur d’un air embaumé, me causèrent un attendrissement et une émotion dont je ne perdrai jamais le souvenir. Mon imagination languissante se ranima, elle enfanta mille fictions romanesques, et, dans l’espace de trois heures que je passai dans ce bois, je composai dans ma tête tout le plan des Vœux téméraires ; de retour chez moi, j’en écrivis sur-le-champ les principaux traits, et l’idée des caractères. Je mûris ce plan en voyageant, je commençai même à Spa à écrire cet ouvrage, dont je rapportai à Paris les quatre-vingts premières pages ; ensuite d’autres idées me firent abandonner ce roman, que je n’ai fini que dans ma chaumière de Brevel, environ vingt ans après.

Je partis pour les eaux au mois d’avril[1] ; de

  1. 1776.