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put y venir avec moi ; mais il me donna, pour m’accompagner, un homme en qui il avoit toute confiance (M. Gillier), et qui la méritoit. M. Gillier avoit alors quarante-cinq ou quarante-huit ans ; il avoit été major, pendant plusieurs années, du régiment que M. de Genlis avoit commandé dans les Indes. J’ai rendu compte dans mes Souvenirs de ses aventures.

    Puisieux dans sa chambre ; M. de Genlis resta dans celle du malade. Au bout de trois quarts d’heure, j’envoyai savoir de ses nouvelles ; on vint me dire que M. Tronchin étoit rentré dans sa chambre et qu’il s’étoit remis au chevet de son lit. Je repris un peu d’espérance et je retournai chez M. de Puisieux ; j’entrai dans sa chambre, et je fus saisie d’horreur en le voyant dans l’état où il étoit. Aux derniers instans de sa vie, il avoit un rire convulsif ; ce rire n’étoit pas bruyant, mais on l’entendoit distinctement et sans discontinuité ; ce rire épouvantable, avec l’empreinte de la mort qui couvroit ce visage défiguré, formoit le spectacle le plus affreux dont on puisse avoir l’idée. M. Tronchin, assis près du malade, le regardoit fixement, en le considérant avec la plus grande attention. Je l’appelai et je lui demandai s’il avoit repris quelque espérance, puisqu’il restoit auprès de M. de Puisieux. Ah ! mon Dieu non, répondit-il ; mais je n’avois jamais vu le rire sardonique ; et j’étois bien aise de l’observer. Je frissonnai… Bien aise d’observer ce symp-