Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T2.djvu/319

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

La vision dura douze heures ; à cinq heures après midi, elle disparut on me cacha mon malheur pendant cinq semaines, en me répétant toujours que je ne pouvois voir mes enfans sans risquer de leur donner la rougeole. Lorsqu’il ne fut plus possible de m’abuser à cet égard, M. de Genlis entre un matin dans ma chambre, en me donnant le portrait de mon fils, représenté en ange, tel que je l’avois vu et dépeint ; il s’élevoit vers le ciel ; on avoit ajouté au-dessous de ses pieds un cercueil couvert de roses, sur lequel ces mots étoient écrits : Il s’envole au séjour des anges. D’après un portrait fort ressemblant que M. de Genlis avoit de lui, on avoit fait faire cette miniature sur le récit de ma vision. J’ai toujours porté sur moi ce tableau, et je l’ai encore[1]. Ce fut ainsi que j’appris sa mort, qui me causa une telle affliction, que je retombai dans un état de langueur qui fit craindre pour ma vie.

  1. Depuis que ceci est écrit je me suis décidée à en faire le sacrifice à ma fille ; j’ai fait mettre cette touchante miniature sur un joli petit coffre qu’elle désirait pour y renfermer des reliques, et je le lui ai donné.
    (Note de l’auteur.)