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mille choses obligeantes. Elle me les répéta le lendemain quand j’allai faire ma cour. Elle fut si satisfaite de ma harpe et de mon chant, que j’eus dans ce moment toute facilité de me faire admettre dans son intérieur, en consentant à jouer dans ses petits concerts particuliers, où elle-même chantoit. J’aurois été secondée par madame de Lamballe, qui me le conseilloit ; mais j’avois assez de chaînes pour n’en pas désirer d’autres : celle-là m’auroit pris un temps énorme, et elle auroit par conséquent bouleversé toutes mes études, qui ont toujours fait tout le véritable charme ou toute la consolation de ma vie. Ainsi, je ne laissai faire aucune démarche à ce sujet. Au bout de quinze jours, on m’annonça que je serois logée dans l’un des charmans pavillons du jardin. Ce pavillon, pareil aux autres, contenoit deux logemens, l’un, très-beau, au rez-de-chaussée, et l’autre, fort inférieur, au-dessus, mais très-joli. Ce fut celui-là qu’on me donna ; M. le prince de Condé occupoit l’autre. Aussitôt qu’il sut que j’allois venir dans ce pavillon, il se hâta de déménager et de prendre le petit appartement pour me laisser le plus beau, que, malgré ma respectueuse résistance, il