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beaucoup. J’y courus un très-grand danger, ainsi que madame la duchesse de Chartres. Un jour nous étions au rez-de-chaussée, assises à côté l’une de l’autre sur un canapé, au-dessus duquel étoit, derrière nous, une grande glace. Nous nous trouvions en face d’une porte qui donnoit sur la terrasse. M. le duc de Chartres et M. de Fitz-James s’amusoient à tirer au blanc, au pistolet chargé à balle ; ils étoient placés vis-à-vis nous, mais nous tournant le dos. Une balle, allant frapper une statue de marbre, fut renvoyée par ricochet dans notre salon, et cassa, à deux doigts de nos têtes, la glace qui étoit derrière nous.

On m’avoit d’abord logée à Marly dans une chambre assez vilaine, et qui n’étoit séparée que par une mince cloison du logement de madame de Valbelle[1], dame du palais, de sorte que

  1. Le comte de Valbelle d’une famille distinguée de Provence, quitta la carrière militaire pour se livrer à la littérature ; il laissa un legs de 24,000 livres, une fois payées, à l’Académie françoise, afin qu’elle disposât, tous les ans, du revenu de ce capital en faveur d’un homme de lettres. M. de Valbelle mourut en 1778, et l’année suivante, le jour de la Saint-Louis, son buste, fait par Houdon, fut exposé aux yeux du public, avec cette inscrip-