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Le roi, dans la première année de son règne, alla à Marly pour s’y faire inoculer. Toutes les princesses furent de ce voyage, et j’y allai avec madame la duchesse de Chartres. Le voyage fut très-brillant, et je m’y amusai

    de madame la princesse de Lamballe, c’est à regret que je parle de ces petites foiblesses qui ont sans doute quelque chose de ridicule ; mais lorsqu’on écrit ses mémoires et qu’on parle des contemporains remarquables, on devient historien et l’on ne doit point omettre alors les détails les plus minutieux qui peuvent faire connoître le caractère et le genre d’esprit de ces grands personnages, surtout lorsque ces détails donnent en même temps une idée générale des mœurs de la société, et il est certain que les évanouissemens périodiques furent une mode à cette époque. Il est très-remarquable que dès lors les ambitions et les prétentions s’exaltoient progressivement d’une manière surprenante et dans tous les genres. Nos grands-mères, qui ne pouvoient attirer sur elles l’attention que par des puérilités, se contentoient de paroître effrayées à la vue d’une araignée, d’une souris, d’une chauve-souris, etc. Mais, quarante ans après, on voulut étonner, épouvanter, on eut des maux extraordinaires, de si terribles convulsions qu’il fallut matelasser les chambres à coucher, des attaques périodiques, etc. Madame la princesse de Lamballe ne donna pas du moins la première l’exemple de ces folies, et lorsqu’elle le suivit, elle choisit la plus douce de ces maladies, elle n’eut jamais de convulsions.

    (Note de l’auteur.)