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lendemain. Comme j’étois fort indécise sur la forme et le dessin de la garniture, M. de Fleurieu donna son avis, qui prévalut ; ensuite il se mit à l’ouvrage, taillant, cousant aussi bien que la meilleure ouvrière, et tout cela avec un sérieux et une simplicité qui me faisoient rire aux larmes ; il me grondoit de cette gaieté, en disant que cela nous faisoit perdre du temps. J’avois fait fermer ma porte, et nous travaillâmes avec acharnement depuis sept heures du soir jusqu’à une heure après minuit, avec le seul relâche d’un petit souper, qui ne dura pas un quart d’heure. La robe fut achevée ; elle eut le lendemain le plus grand succès, tout le monde la trouva charmante. Il y a eu dans la vie de M. de Fleurieu une singularité remarquable : il a été successivement amoureux de trois femmes formant trois générations ; d’abord, dans sa première jeunesse, d’une personne beaucoup plus âgée que lui ; ensuite de sa fille, qui épousa M. de Mondorge (oncle de M. de Fleurieu). Cette passion fut très-malheureuse. Madame de Mondorge, devenue veuve, se remaria à M. le marquis d’Arcamballe ; elle eut une fille que vit naître M. de Fleurieu. Aussi-