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faire de ses doigts différens ouvrages qu’elle donnoit à l’église ; elle étoit extrêmement adroite ; elle consacra entièrement ce talent à la religion. Quand les religieuses, à la révolution, furent chassées de leurs asiles, M. du Nolstein, après le règne de la terreur, vint prendre sa femme et la conduisit dans une terre qu’il possédoit à une grande distance de Paris. Madame du Nolstein le conjura de lui permettre d’y vivre comme dans son couvent ; elle y mourut au bout de dix-huit mois, conservant sa tête jusqu’au dernier moment de son existence elle se fit mettre sur la cendre lorsqu’elle se sentit à l’agonie, et ce fut ainsi qu’après avoir expié tous ses égaremens elle rendit le dernier soupir !… J’ai oublié de dire que lorsqu’elle fut chassée de son couvent ainsi que toutes les religieuses, elle alla sur-le-champ se retirer à un cinquième étage, chez des pauvres dont elle avoit soulagé la misère ; elle y resta jusqu’après la mort de Robespierre.

Je voyois très-souvent M. de Fleurieu[1], qui

  1. Le comte de Fleurieu fut ministre de la marine sous Louis XVI. Ses parens le destinoient à l’état ecclésiastique, son goût le porta vers la marine ; il inventa les hor-