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avoit gardé le même silence. Madame du Nolstein devint sur-le-champ au Palais-Royal ma plus ardente ennemie ; elle m’a fait beaucoup de mal ; j’ai vu d’elle d’étranges choses, je n’en parlerai point ; ses plus terribles aventures n’ont été que trop connues du public, mais la sincérité de sa pénitence impose le devoir de ne les point retracer.

Sa conduite dans son couvent, pendant un assez grand nombre d’années, fut si édifiante et si parfaite, qu’elle ne laissa aucun doute sur sa conversion. Elle fit, pendant tout ce temps, le maigre perpétuel, observé dans les ordres les plus austères ; elle vendit, au profit des pauvres, quelques bijoux qui lui restoient et toute sa garde-robe ; elle acheta, pour elle, du linge grossier et une robe de bure ; elle n’a point eu d’autres vêtemens jusqu’à sa mort. M. du Nolstein, le plus loyal et le plus vertueux des hommes, lui faisoit une pension de six mille francs, et payoit en outre sa nourriture et son logement ; madame du Nolstein se réserva tout au plus cent écus pour son entretien, et elle fit constamment distribuer le reste aux pauvres, à l’exception des matériaux nécessaires qu’elle faisoit acheter pour