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Madame la comtesse du Nolstein entra au Palais-Royal dans ce temps ; elle avoit quinze ans, un joli visage, mais de vilains pieds, des mains affreuses par leur grosseur, leur forme et leur rougeur ; elle étoit fille de madame de Barbantane, et avoit été élevée au couvent avec madame la duchesse de Bourbon, qui, en sortant de Panthemont, refusa positivement de la prendre pour dame. On dit dans le monde, et l’on crut généralement que madame la duchesse de Bourbon n’en avoit point voulu, par envie de sa jolie figure, chose d’autant plus évidemment injuste, qu’elle prit à sa place une dame beaucoup plus jolie que madame du Nolstein ; mais on n’en déclama pas moins contre l’ingratitude de refuser la fille de sa gouvernante. Madame la duchesse de Bourbon ne put ignorer tout ce déchaînement ; elle eut l’extrême honnêteté de ne dire à personne au monde la véritable cause de son refus, elle ne l’a dit que quatorze ou quinze ans après, lorsque madame du Nolstein fut enfermée dans un couvent à Nancy. Madame la duchesse de Bourbon avoit pour témoin du fait qu’elle raconta la princesse Louise de Condé, sa belle-sœur, qui