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que je me déclarai Gluckiste, et que je me moquai de toutes les disputes sur Gluck et Piccini des gens de lettres, qui ne savoient pas un mot de musique ; ce qui me fit mes premiers ennemis dans la littérature, car j’étois dans la société une autorité en musique, et les littérateurs Gluckistes ne me pardonnoient pas, étant de mon parti, de me moquer d’eux ; mais ils défendoient Gluck si ridiculement, que je ne les épargnois pas plus que les autres. Je sentis enfin, au mois de mars de cet hiver, que la musique, Gluck et l’Opéra, prenoient beaucoup trop d’ascendant sur moi. Comme il m’a toujours paru qu’il est moins difficile de renoncer tout-à-fait, que de se modérer, je fis vœu de ne plus aller à l’Opéra et aux spectacles que lorsque je serois forcée, par ma place, d’y suivre madame la duchesse de Chartres, ce qui arriva rarement, parce que mes compagnes ne demandoient pas mieux que de me remplacer dans ce cas. Ce fut pour moi un très-grand sacrifice, car j’ai été parfaitement fidèle à ce vœu. Je voudrois bien aujourd’hui que la religion me l’eût fait faire, mais ce fut unique-