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vois beaucoup d’esprit et de fort bons jugemens ; et je me décidai à consulter Fréron, que je ne connoissois pas du tout personnellement. Je lui écrivis une lettre anonyme, au bas de laquelle j’écrivis ces mots : Un jeune auteur. Je le suppliois de lire la comédie que je lui confiois, et de m’en dire franchement son avis, et s’il me conseilloit de m’exercer dans ce genre. Je lui demandois de mettre sa réponse avec ma pièce chez son libraire, où je l’enverrois chercher au bout de quinze

    parmi les écrivains du dix-huitième siècle. La colère est contagieuse on répondit aux censures de Fréron par des injures, et il répliqua par des sarcasmes amers et quelquefois par des jugemens outrés. Cet homme, dont la plume étoit aussi redoutée des bons que des mauvais auteurs, avoit l’humeur douce, l’esprit enjoué, le goût sûr et l’art de présenter les défauts d’un livre de la manière la plus piquante. Ses premières critiques parurent en 1746 ; il fut plus d’une fois arrêté dans cette périlleuse carrière par l’autorité. L’Année littéraire alloit être interrompue de nouveau, par ordre du garde des sceaux Miroménil, lorsque Fréron mourut d’une attaque de goutte remontée, le 10 mars 1776. Il étoit né à Quimper, en 1719.

    (Note de l’éditeur.)