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de moi souvent ce n’étoit que pour me confier quelque chose qui lui faisoit de la peine ; et, dans ce cas, s’il n’étoit pas excessivement tard, je descendois chez elle. Tous ces soins ne m’empêchoient pas d’entretenir mon adresse des doigts, de faire de jolis ouvrages de broderie de tous genres, de cultiver toujours la musique avec la même ardeur, et d’y joindre la nouvelle étude de l’histoire naturelle, et l’occupation de former un cabinet de coquillages, de madrépores, de minéraux et de cailloux, qui devint très-beau par la suite, et qui a été confisqué, et très-bien vendu au profit de la nation, avec tout ce que j’avois à Belle-Chasse. Je composois toujours des comédies ; j’avois fait chez madame de Puisieux les Fausses Délicatesses, que je n’avois montrées à personne, pas même à M. de Sauvigny ; il étoit si prévenu en ma faveur, que, quoiqu’il eût un excellent goût de critique, je me méfiois de ses éloges. Voulant cependant savoir si j’avois quelque talent, je pris un parti singulier pour m’éclaircir. J’étois abonnée à l’Année littéraire de Fréron[1] ; j’y trou-

  1. Les critiques de Fréron sont presque toujours justes et bien motivées. Elles firent naître d’étranges fureurs