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savoit même pas l’orthographe. J’entrepris de la lui apprendre ; je lui en donnai régulièrement des leçons pendant plus de dix-huit mois ; je lui en donnai aussi d’histoire et de mythologie. Un peintre, qui avoit fait le portrait de mes filles, me parla d’un jeune Polonais appelé M. Méris, qui étoit dans une grande misère, et qui avoit un fort grand talent (qui a été célèbre depuis) pour peindre de petits sujets à la gouache. J’imaginai de lui faire faire, pour l’instruction de madame la duchesse de Chartres, une suite de petits tableaux historiques représentant les plus beaux traits de l’histoire grecque et romaine, que je tirai de mes extraits. Il en fournissoit quatre par mois, que madame la duchesse de Chartres ne payoit que dix-huit francs pièce, et c’étoit assurément pour rien. Elle les faisoit encadrer à mesure, et sur tous j’écrivois de ma main ; derrière le petit tableau, l’explication du sujet avec détail, et d’une écriture très-fine. Elle en eut ainsi cent quinze qu’elle plaça dans un cabinet, et qui furent admirés de tous ceux qui les virent ; je les avois rangés moi-même par ordre chronologique. Elle me donna depuis ces petits tableaux pour l’éducation de