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nèrent l’idée de me former à moi-même un petit cabinet. Je savois très-peu la géographie, je priai M. de Bomare de me donner une maîtresse. Il me donna mademoiselle Thouin, sœur du premier jardinier du Jardin du Roi, dès lors l’un des premiers botanistes de l’Europe, et reçu depuis (avant la révolution) à l’Académie des sciences. Mademoiselle Thouin étoit une jeune personne très-instruite, et fort aimable. Nous prîmes l’une pour l’autre une vive amitié qui dura jusqu’à mon entrée à Belle-Chasse, et qui ne finit que par une injustice de mademoiselle Thouin, dont je rendrai compte. Je persuadai à madame la duchesse de Chartres d’apprendre la géographie, et je donnai à mademoiselle Thouin cette illustre écolière, qu’elle a gardée plus de trois ans. Madame la duchesse de Chartres avoit été élevée au couvent par la vieille et vertueuse marquise de Sourcy, qui lui avoit donné ce qui vaut mieux que des grâces et des talens, car elle avoit imprimé dans sa belle âme les sentimens les plus religieux et les meilleurs principes. Mais d’ailleurs madame de Sourcy n’ayant nulle instruction, n’avoit pu en donner à son élève, qui ne