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Je ne perdis point mon temps à l’Île-Adam : il y avoit une belle bibliothèque ; j’y lus, je crois, pour la première fois, Rabelais, dont je trouvai les trois quarts extravagans, sots et dégoûtans ; ce qu’on y peut remarquer de spirituel, ne suffit assurément pas pour faire la réputation d’un livre : je lus et relus aussi un grand nombre de Mémoires sur l’Histoire de France, et j’écrivois beaucoup d’extraits. Un vieillard intéressant, M. de Pont-de-Vesle, neveu de la fameuse madame de Tencin[1], me fut très-utile par sa conversation ; il avoit beaucoup d’amitié pour moi ; il trouvoit un grand plaisir à répondre à toutes mes questions, et il m’apprit une infinité d’anecdotes littéraires.

  1. La gravité des événemens politiques a fait perdre un peu de vue cette singulière Claudine-Alexandrine Guérin de Tencin, qui, après s’être faite religieuse, se fit relever de ses vœux, et entra dans un couvent de chanoinesses ; et, comme alors elle eut le droit de sortir souvent du chapitre, elle passa la plus grande partie de sa vie à Paris, où sa maison devint le rendez-vous de la société la plus spirituelle de Paris. On a dit d’elle qu’elle aimoit encore mieux parler d’intrigues que de littérature elle appeloit les gens de lettres qu’elle recevoit ses bêtes ; à la vérité en fait d’affaires elle avoit plus d’esprit qu’eux ;