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en se noircissant ses cheveux blonds, en se retroussant le nez avec un cheveu, en cachant ses jolies dents avec une écorce d’orange artistement taillée à cet effet, me fit croire pendant toute une soirée qu’elle étoit une dame hollandoise nouvellement arrivée de la Haye. On me mena voir les tableaux d’Anvers et plusieurs manufactures intéressantes. Nous passâmes ainsi trois mois, qui s’écoulèrent pour nous d’une manière délicieuse. J’avois prolongé mon congé plus de six semaines. Enfin je retournai au Palais-Royal, pour y trouver les mêmes inimitiés. Peu de jours après mon arrivée, nous allâmes à l’Île-Adam, chez M. le prince de Conti[1]. J’aimois particulière-

  1. J'ai déjà fait son portrait, mais j’ai oublié un trait qui le caractérisoit particulièrement : on trouvoit en lui une chose très-utile aux princes et aux gens en place. Il vouloit que, dans toutes les classes, ceux qui avoient des rapports avec lui enssent une grande exactitude à lui rendre tout ce qui étoit dû à son rang, ce qui ne l’empêchoit pas d’être constamment de l’affabilité la plus aimable. Ce mélange de popularité, de connoissance de ses droits, de condescendance et de dignité, produira toujours l’amour et le respect. Madame de Bouflers, après sa mort, fit faire son buste, dont le plâtre fut pris sur son visage. Ce buste est parfaitement ressemblant ; mais l’empreinte de la mort,