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entre autres le prince et la princesse de Starenberg. Cette dernière, quoique petite, laide et bossue, plaisoit même par sa figure remplie d’esprit et d’expression. Je n’ai vu à personne une manière de conter plus amusante, plus d’agrément dans la conversation, un esprit plus piquant ; elle a fait de grandes passions, qui ont été également constantes et malheureuses. Le prince de Chimay, d’une belle figure, et jeune encore, étoit alors éperdument amoureux d’elle, et retenu à Bruxelles depuis deux ans par cet attachement. L’homme le plus à la mode et le plus spirituel de la cour du prince Charles étoit le prince de Ligne[1], qui passoit une grande partie de sa vie à Paris, et que je connoissois déjà. Il

  1. Le prince de Ligne (Charles-Joseph), né en 1735 à Bruxelles, étoit entré dès son enfance au service d’Autriche, où son père et son grand-père étoient tous deux feld-maréchaux. À l’époque où madame de Genlis le vit à Bruxelles, il avoit déjà donné des preuves d’une valeur brillante dans la campagne de 1757, contribué à la victoire de Hochkirchen, en 1758, par une action vigoureuse qui lui valut le grade de colonel, et s’étoit particulièrement distingué dans les dernières campagnes de la guerre de sept ans. Lorsqu’en 1770 il vint à Paris, il avoit