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les. J’engageai M. de Genlis à m’y mener ; je demandai un congé, et nous partîmes au milieu de l’hiver. Je respirai en me retrouvant avec une amie charmante qui ne songea qu’à me rendre agréable le séjour de Bruxelles. Le prince Charles[1], frère de l’empereur, étoit vice-roi des Pays-Bas. Ce prince étoit aimable ; il aimoit les arts et les talens ; il eut beaucoup de grâce pour moi. Madame de Mérode avoit une grande maison. Nous logions chez elle, et j’y vis la société la plus brillante de la ville,

  1. Le vice-roi des Pays-Bas étoit alors le prince Charles-Alexandre de Lorraine, grand-maître de l’ordre teutonique, fils de Léopold Ier, duc de Lorraine, et d’Élisabeth d’Orléans. Il commandoit, en 1742, l’armée autrichienne en Bohême, où il fut défait par le roi de Prusse ; deux ans après, le prince Charles pénétra dans l’Alsace, mais bientôt il se vit forcé de repasser le Rhin. Un moment vainqueur des Prussiens, en 1745, il fut de nouveau vaincu par eux. Ce prince habile et brave étoit un général malheureux. L’affabilité de ses manières, son caractère généreux et la protection éclairée qu’il accorda aux lettres le firent aimer pendant sa vie, et ont rendu sa mémoire digne de respect et de reconnoissance. Ce prince est mort le 4 juillet 1780. Il étoit né au mois de décembre 1712.
    (Note de l’éditeur.)