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peine le langage maladroit et passionné de l’envie. Elle me redit tout, elle me trouva de la modération, et, j’ose dire, de la générosité ; car je ne récriminai point. Je ne lui ai jamais dit la moindre chose contre les femmes qu’elle me dénonçoit comme mes ennemies les plus acharnées ; et, par la suite, je n’ai pas laissé échapper une occasion de rendre des services auprès d’elle à ces mêmes personnes.

Cette conduite fut appréciée par madame la duchesse de Chartres ; elle s’attacha à moi avec une espèce de passion qui a duré dans toute sa force plus de quinze ans, et je puis dire, avec une parfaite vérité, que mon cœur y a répondu avec toute l’énergie et tout le dévouement dont il est capable quand il aime. Ce fut là le premier motif de l’ardente jalousie dont j’ai été l’objet pendant neuf ans au Palais-Royal.

Excédée des méchancetés et des calomnies, je pris le parti de faire un petit voyage, espérant que mon absence, dans ce commencement de faveur, prouveroit que je n’avois nulle envie de dominer. J’avois depuis long-temps promis à madame de Mérode d’aller la voir à Bruxel-