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c’est elle qui m’envoie en Corse ; mais vous qui, avec une âme si grande et si sensible, n’en êtes qu’effrayée et non touchée, comment pouvez-vous craindre pour elle cette impression dangereuse dont vous me parlez ? Confiez-vous davantage à sa vanité ; soyez persuadée que, se croyant l’objet de cette action, elle la trouve toute simple. »

Je lus ces deux articles deux ou trois fois de suite, et je les écrivis le soir même sur deux petits morceaux de papier, que j’intercalai dans des lettres de même date, que j’avois reçues de ce nouveau Lovelace, infiniment plus artificieux et beaucoup plus scélérat que celui de Richardson. Quels auroient été mon désespoir et mon malheur, si je n’avois pas été préservée de sa séduction par cet instinct qui m’a toujours fait sentir la fausseté !… Que serois-je devenue si je l’eusse aimé ! Nous ne revenions pas d’étonnement, en songeant avec quelle audace et quelle sécurité il écrivoit en même temps à sa belle-sœur et à moi des lettres également passionnées ! Mais il nous connoissoit parfaitement l’une et l’autre, il avoit la certitude qu’un tel secret ne pouvoit être trahi par sa belle-sœur, et que ma timi-