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lui défendoit constamment de lui écrire, et que, communément, elle ne lui répondoit pas ; alors il la menaçoit de se porter aux dernières extrémités, de me tout confier, et de se tuer. Il lui parle souvent de vous ; il lui dit qu’il feint d’en être occupé, pour mieux cacher ses vrais sentimens ; mais, poursuivit le comte, je vous ai apporté quelques unes des lettres où il est question de vous ; les voilà, lisez-les. » Je pris ces lettres que je lus, je l’avouerai, avec autant de dépit que d’indignation. Dans la première, qui me tomba sous la main, il répondoit aux reproches que lui faisoit madame de Custines, sur l’artifice si coupable qu’il employoit envers moi.

« Du moins, disoit-il, cette feinte ne compromet point sa tranquillité ; pourvu qu’elle s’amuse, qu’elle soit bien cajolée, bien flattée, c’est tout ce qu’il lui faut ; son amour-propre sur ses talens, et sa vivacité même, lui tiendront toujours lieu de raison, et elle n’éprouvera jamais un grand sentiment. »

Dans une autre lettre sur son départ pour la Corse, il disoit en propres termes :

« Tant mieux que tout le monde croie que