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nement : «  Tenez, madame, me dit-il, voilà un billet de madame de Mérode, qui vous apprendra qu’elle a en effet été très-malade, mais qu’elle est fort bien à présent je l’ai trouvée sur sa chaise longue. — Quoi ! m’écriai-je, vous venez de Bruxelles ! — Assurément, répondit-il, vous étiez inquiète. En vous quittant, j’ai été prendre un cheval de poste, et je me suis rendu à Bruxelles à franc-étrier et sans m’arrêter. Je n’ai fait qu’entrer et sortir chez madame de Mérode, et je suis revenu avec la même promptitude ; mais lisez cette lettre. » Excessivement touchée, je lus la lettre, qui me confirma l’exacte vérité de ce récit. Madame de Mérode m’exprimoit un grand enthousiasme pour mon élégant courrier, et je fus moi-même attendrie jusqu’aux larmes. Il crut qu’enfin il avoit trouvé le chemin de mon cœur ; et, quelques jours après, venant à dessein à une heure où il étoit sûr de ne point trouver chez moi de monde, il se jeta tout à coup à mes genoux, et en me reparlant de son amour avec l’impétuosité la plus effrayante, et en me menaçant de se tuer si je n’y répondois pas. Ses menaces et ses fureurs me glacèrent et m’inspirèrent une espèce d’indi-