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— Comment ! repris-je en riant, vous allez en Corse ? — N’avez-vous pas approuvé ceux qui font ce voyage ? — Mais c’est une plaisanterie ? — Non, madame, rien n’est plus sérieux ; je ne me coucherai point ; je partirai à cinq heures du matin, c’est-à-dire dans quatre heures. » Je ne pus me persuader qu’il fût capable de cette folie ; mais le lendemain matin je reçus, à mon réveil, un billet de madame de Custines, qui me grondoit avec sévérité de ce que tout ce que j’avois dit la veille avoit déterminé son beau-frère à partir pour la Corse à cinq heures du matin[1]. J’avoue que ma vanité fut assez flattée de cette aventure, qui fit beaucoup de bruit dans le monde ; et des dames sentimentales me blâmèrent beaucoup de ne pas montrer, dans cette occasion, plus de sensibilité pour un amant digne des temps de l’ancienne chevalerie. Il est certain que cette action acheva de me persuader qu’il avoit fait pour moi toutes les extravagances qu’il m’avoit racontées. Une de mes amies, très-jeune et très--

  1. J’ai placé ce trait dans une de mes nouvelles : Lindane et Valmire
    (Note de l’auteur.)