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par madame de Custines, les détails relatifs à madame Dufour, qui la coiffoit aussi quelquefois. Une seule chose me laissoit des doutes, c’étoit son talent de coiffeur que je ne pouvois concevoir. Il me protesta qu’il avoit passé six semaines à s’y exercer en secret, après avoir formé le projet de m’enlever une mèche de cheveux. Il y avoit du vrai dans tous ces récits, mais il s’y trouvoit un nombre infini de faussetés et de mensonges ; cependant, malgré mon goût pour les choses extraordinaires, l’audace inouïe de ces entreprises me causa une véritable frayeur, je lui fis donner sa parole d’honneur que du moins il ne s’introduiroit jamais dans ma maison. Malgré cette promesse, toute ma curiosité fut changée en effroi continuel. Si, en traversant l’antichambre, j’y voyois un domestique étranger, ou si je rencontrois une figure inconnue sur l’escalier, je frémissois, car je pensois tout de suite que c’étoit lui ; si j’entendois M. de Genlis élever la voix en grondant, j’étois prête à me trouver mal, imaginant, de premier mouvement, qu’il venoit de le reconnoître, et qu’ils s’alloient battre. Ces pénibles émotions me firent prendre tout-à-fait en aversion le héros