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vous envoie sans cesse à sa place une de ses apprenties pour vous coiffer ; et, habillé en femme, et avec l’art des déguisemens que je possède au suprême degré, et que je vous dois, j’ai été vous coiffer, il y a environ trois semaines, sous le nom d’une de ces filles que j’avois gagnée. » Pendant cette histoire, j’écoutois toutes ces fables extravagantes avec un étonnement inexprimable, car je me rappelois que parmi ces filles qui m’avoient coiffée, il y en avoit eu une très-silencieuse, qui plusieurs fois m’avoit donné envie de rire par des soupirs continuels, et j’imaginai bonnement que le vicomte avoit joué ce personnage, quoique le souvenir confus qui me restoit de la figure de cette fille n’eût aucun rapport avec les traits du vicomte ; mais je lui supposois pour se travestir tout l’art dont il se vantoit lui-même. Je trouvois tout simple qu’il eût su,

    à Versailles, prit de la vogue pour coiffer les jeunes femmes, à leur présentation, de manière à ne pas déplaire à Mesdames, qui détestoient les coiffures hautes, si exagérées et si à la mode alors : bientôt, des coiffeurs de femmes s’établirent à Paris ; enfin Léonard vint, et toutes les coiffeuses tombèrent dans le mépris et dans l’oubli.

    (Note de l’auteur.)