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une secte très-nombreuse d’hommes et de femmes qui se déclarèrent partisans et dépositaires des anciennes traditions sur le goût, l’étiquette, et même la morale qu’ils se vantoient d’avoir perfectionnée : ils s’érigèrent en juges suprêmes de toutes les convenances sociales, et s’arrogèrent exclusivement le titre imposant de bonne compagnie. Un mauvais ton, et toute aventure scandaleuse, excluoient ou bannissoient de cette société ; mais il ne falloit ni une vie sans tache, ni un mérite supérieur pour y être admis. On y recevoit indistinctement des esprits-forts, des dévots, des prudes, des femmes d’une conduite légère. On n’exigeoit que deux choses : un bon ton, des manières nobles, et un genre de considération acquis dans le monde, soit par le rang, la naissance ou le crédit à la cour ; soit par le faste, les richesses, ou l’esprit et les agrémens personnels.

Les prétentions, même peu fondées, lorsqu’on les soutient constamment, finissent toujours par assurer dans le monde une sorte d’état plus ou moins honorable, suivant leur genre, lorsqu’on a de la fortune, un peu d’esprit et une bonne maison : les observateurs