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s’y connoissoit. Personne, à la Comédie-Françoise, ne jouoit mieux que lui les rôles d’amoureux, dans les pièces de Marivaux. M. le comte de Blot, mari de la dame d’honneur, étoit, sans exception, l’homme le plus borné qu’on ait jamais vu dans le monde. Il avoit retenu, des thèses sentimentales que soutenoit continuellement sa femme, quelques grands mots, qu’il plaçoit toujours à contre-sens dans la conversation ; et, voulant en même temps plaire à M. le duc de Chartres, il mêloit à cette pédanterie une extrême prétention à la gaieté. Le galimatias de son ton sérieux, et la lourdeur de ses plaisanteries, lui donnoient une sorte d’originalité très-comique ; et, comme d’ailleurs il étoit fort bon homme, on s’amusoit de ses ridicules, sans jamais s’en moquer, et il étoit persuadé qu’il avoit le plus grand succès aux petits soupers du Palais-Royal.

Le comte d’Osmont, spirituel, naturel et distrait, étoit aimé de tout le monde.

M. le vicomte de Latour-du-Pin avoit l’esprit orné, de la franchise, de la gaieté, un caractère obligeant, des talens agréables, il jouoit à merveille les proverbes et la comédie.