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et avec les femmes une galanterie de fort bon goût ; aussi avoit-il beaucoup de succès auprès d’elles. Il ne m’a jamais paru aimable, parce qu’il manquoit de naturel, et qu’il affectoit pour les talens, les arts et la littérature, un enthousiasme qu’il n’éprouvoit point, et qu’en mille choses, faute de connoissances, il ne pouvoit avoir.

Le comte de Thiars, frère du comte de Bissy, passoit pour être l’homme le plus aimable de la société. Malgré une laideur remarquable, il avoit inspiré des passions célèbres ; il n’avoit qu’une sorte d’esprit, celui de la conversation, et c’est assez pour le monde ; il faisoit de mauvaises chansons de société, dont les vers manquoient souvent de mesure et de rimes ; c’est encore assez pour charmer quelques femmes. Il avoit composé un détestable petit roman qu’il eut la prudence de ne jamais publier[1]. Il l’avoit lu mystérieusement à quelques personnes qui m’en parlèrent comme d’un chef-d’œuvre ; j’étois

  1. Ce roman a été imprimé depuis sa mort, et il est resté enseveli dans l’innombrable multitude des plus mauvaises productions de ce genre.
    (Note de l’auteur)