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comme toute neuve encore ; elle avoit quinze ans ; c’étoit la fameuse mademoiselle Duthé, qui depuis ruina mon beau-frère et beaucoup d’autres. M. le duc d’Orléans se vantoit de cette action, comme d’une précaution fort prudente et fort tendre pour la santé de son fils. Quelles mœurs devoit-on attendre du malheureux jeune homme, qui recevoit cette première leçon d’un père ! Ensuite, M. le duc d’Orléans, loin de donner à son fils des amis vertueux, l’encouragea à se lier intimement avec les jeunes gens les plus étourdis et les plus dissipés de la cour, le chevalier de Coigny, messieurs de Fitz-James, de Conflans, etc. Cependant le jeune prince distingua de lui-même un homme sage et raisonnable plus âgé que lui de quatorze ans ; c’étoit le chevalier de Durfort, attaché au Palais-Royal. M. le duc de Chartres s’attacha sincèrement à lui ; c’est le seul homme qu’il ait véritablement aimé, quoique le chevalier n’ait jamais voulu être de ses parties clandestines ; mais il s’en dispensoit avec des ménagemens qui ne donnoient pas au jeune prince des idées bien morales ; il lui disoit qu’un attachement particulier ne lui permettoit pas de se livrer à ce genre de