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parce qu’il se refusoit tout pour faire subsister sa mère et ses deux sœurs, qui n’avoient que lui pour appui. Après ce récit, M. le duc de Chartres amassa deux mois de ses menus-plaisirs sans en rien dépenser, ce qui lui fit quarante louis ; mais il étoit fort embarrassé de la manière dont il les donneroit, lorsqu’il reçut des dragées de baptême : alors il fit des cornets de dragées, dans l’un desquels il mit les quarante louis, et lorsque le pauvre officier vint à son audience, le jeune prince dit en plaisantant, qu’ayant reçu des dragées, il en voulait distribuer des cornets à tout le monde, ce qu’il fit. Le pauvre officier trouva le sien si lourd, qu’il fit un mouvement de surprise ; le jeune prince, par un signe, lui imposa silence ; mais, sorti du Palais-Royal, sa reconnoissance fut plus indiscrète que sa surprise ; il conta cette histoire qui fut généralement sue ; je la savois depuis long-temps, M. de Foncemagne m’en confirma tous les détails.

Lorsque l’éducation du jeune prince fut terminée, le premier soin paternel de M. le duc d’Orléans fut de lui donner une maîtresse, qu’une exécrable créature, qui l’élevoit pour en faire une courtisane, lui vendit