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jamais languir avec lui. Il a été depuis évêque de Nancy ; il a montré dans son épiscopat autant de lumières et de talens que de piété. À la révolution il se hâta de quitter la France, il passa en Espagne, où il alla sur-le-champ au Mont-Serrat, s’établir au nombre des hermites ; il y passa plusieurs années, et il y mourut saintement.

J’ai maintenant à peindre les autres hommes du Palais-Royal, et je dois commencer par le prince.

M. le duc de Chartres étoit alors dans tout l’éclat de la première jeunesse, avec un visage déjà gâté, et par le sang qu’il avoit reçu de sa mère, et par une vie licencieuse ; l’ensemble de sa figure étoit noble, leste, et d’une grande élégance. Son gouverneur, le comte de Pont Saint-Maurice, ne s’étoit attaché qu’à trois choses à lui donner de la politesse, des manières agréables, et un bon ton ; il avoit laissé le soin du reste aux autres instituteurs. Ces derniers eussent été fort capables de donner au jeune prince une solide instruction ; mais le gouverneur faisoit si peu de cas de la culture de l’esprit, que le prince, qui s’en aperçut de bonne heure, trouva fort commode d’adopter